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QU’EST-CE QUE LE CNI ?

Oventik, janvier 2017

Le Congrès National Indigène s’est constitué le 12 octobre 1996 avec la volonté d’être la maison de tous les peuples indigènes, c’est-à-dire un espace où les peuples originaires trouvent l’espace de réflexion et de solidarité (nécessaire) pour consolider leurs luttes de résistance et rébellion, avec leurs propres formes d’organisation, de représentation et de prise de décision. C’est l’espace des indiens que nous sommes: Nous sommes les peuples, nations et tribus originaires de ce pays, le Mexique, parlant les langues Amuzgo, Binnizá, Chinanteco, Chol, Chontal de Oaxaca, Chontal de Tabasco, Coca, Náyeri, Comcac, Cuicateco, Kumiai, Lacandón, Matlazinca, Maya, Mayo, Mazahua, Mazateco, Mixe, Mixteco, Nahua, Ñahñu, Ñathô, Popoluca, Purépecha, Rarámuri, Tepehua, Tepehuano, Tlapaneco, Tojolabal, Totonaco, Triqui, Tzeltal, Tzotzil, Wixárika, Tohono Oódham, Mame, Tlahuica, Guarijío, Sayulteco, Yaqui, Zoque.

Et quand nous disons que peuples nous sommes, c’est parce que nous avons dans notre sang, dans notre chair et dans la peau toute l’histoire, tout l’espoir, toute la sagesse, la culture, la langue et l’identité.
Nous sommes les peuples qui continuent à être, malgré les 523 années d’extermination, de violence, de domination, de spoliation du capitalisme et de leurs alliés, les propriétaires de l’argent, les représentants de la mort. Le capitalisme est né du sang de nos peuples et continue à s’alimenter de celui-ci.

Nous n’oublions pas. Car ce sang, ces vies, ces luttes, cette histoire sont l’essence de notre résistance et de notre rébellion, qui se font autonomies, revendications ancestrales d’éducation, de sécurité, de justice, de spiritualité, de communication, d’auto-défense et d’autogouvernement.

Collectivement nous construisons, embrassons, défendons et exerçons les accords de San Andrés Sakamch’en de los pobres comme étant la constitution de nos peuples, parce qu’ils représentent l’unique manière de continuer à exister comme les peuples que nous sommes. C’est notre droit à la libre détermination et à l’autonomie, c’est-à-dire à décider sur nos territoires, nos manières de nous organiser collectivement et la manière suivant laquelle nous voulons construire notre futur.

Nous, les peuples qui composons le CNI, nous gouvernons suivant 7 principes, et notre espace suprême de décision est l’assemblée générale réunie en congrès, où nous avons toutes et tous la parole pour décider collectivement.

1. Servir et ne pas se servir.

2. Construire et ne pas détruire.

3. Représenter et ne pas usurper.

4. Convaincre et ne pas vaincre.

5. Obéir et ne pas commander.

6. Descendre et ne pas monter.

7. Proposer et ne pas imposer.

En 1998 nous avons réalisé notre IIe Congrès National Indigène à Mexico Tenochtitlan et nous nous sommes déclarés pour la reconstitution intégrale de nos peuples, et c’est pour ça que nous avons décidé de lancer ensemble avec nos frères de l’EZLN la Consultation nationale pour la reconnaissance des droits des peuples indigènes et la fin de la guerre d’extermination.

En 2001, durant notre IIIe Congrès National Indigène réalisé à Nurío, Michoacán, nous nous sommes déclarés pour la reconnaissance constitutionnelle de nos droits collectifs et nous avons rejoint la Marche pour la Dignité Indigène menée par nos frères de l’EZLN, où la voix première de nos peuples et la voix majoritaire de la société mexicaine s’est exprimée afin d’exiger cette reconnaissance. Mais la réponse de ce mauvais gouvernement a été la trahison par l’approbation de la contre-réforme indigène de 2001, proposée par pouvoir exécutif, matérialisée par le pouvoir législatif, et validée par le pouvoir judiciaire, ce qui a mis en évidence que notre parole et notre ressenti n’ont servis que de moquerie et de raillerie pour les puissants. Nous nous sommes rendus compte que s’étaient achevés les temps de se tourner vers le haut, que nous pressait le temps de regarder vers le bas, et l’exigence d’entreprendre le chemin que nous est exigé par l’histoire.

En 2006, durant le IVe Congrès National Indigène à San Pedro Atlapulco, après beaucoup de réflexions nous avons décidé de souscrire à la Sixième Déclaration de la Forêt Lacandone: d’exercer dans les faits l’autonomie et la résistance indigène jusqu’à leurs ultimes conséquences.jusqu’à ces ultimes conséquences la résistance indigène et l’autonomie par le fait.

Mais alors que nous construisions nos autonomies, la spoliation et la guerre d’extermination sont devenues plus violentes et nos douleurs chaque fois plus profondes. La guerre veut nous tuer en tant que peuples et en chacun de nous-mêmes.

Face aux spoliations qui se multiplient sous de nouvelles formes et dans de nouveaux recoins et malgré toute cette mort, nous continuons à être des peuples vivants et collectifs, les peuples dignes avec nos rébellions et résistances, luttes et et résistances qui se sont faites et que nous voyons comme des miroirs qui se reflètent dans le miroir que nous sommes.

Ces miroirs sont les spoliations que nous subissons et que nous vivons dans nos territoires. Ce sont ceux qui nous font saisir l’urgence qui menace notre vie.

De notre douleur est née notre rage, de la rage notre rébellion, et de la rébellion naîtra la liberté des peuples du monde. Car le coeur de notre terre-mère vit dans l’esprit de nos peuples.

Ceci est ce que nous sommes, notre parole, notre chemin et notre lutte sans renoncement possible. Nous sommes donc le Congrès National Indigène et nôtre est le futur de nos peuples.